Un nouveau patrouilleur au secours des migrants

Mardi 7 juillet, le patrouilleur DF-P3  »Jean-François Deniau » a été officiellement inauguré par Christian Eckert, secrétaire d’État chargé du Budget. Le navire, plus grand dispositif de la douane française, est engagé dans la lutte contre les grands trafics par voie maritime, stupéfiants, contrebande, armes, et surtout, dans le sauvetage des migrants en Méditerranée.

Le baptême d’un navire est toujours impressionnant. Celui du  »Jean-François Deniau » a été à la hauteur de toutes les espérances. Jeanne, sa jeune marraine de 7 ans, petite-fille de l’ancien ambassadeur Jean-François Deniau*, député, ministre (sous le gouvernement de Raymond Barre) et commissaire européen, a lancé la bouteille de champagne sur la coque du navire. «Il faut bien viser l’ancre», remarque un observateur. Le deuxième essai sera concluant, la fillette est applaudie. La tradition est issue d’une vieille superstition marine : « Un navire qui n’a pas goûté au vin goûtera au sang« , selon un proverbe anglais. Pour l’heure, le bâtiment, orné d’une bande tricolore le long de sa coque grise, n’ a pas encore commencé ses missions. En phase de finalisation et de formation des équipages, il sera opérationnel d’ici le mois de septembre pour participer à sa première mission.

Interventions et surveillance des frontières extérieures
Conçu pour réaliser 188 jours de missions à la mer par an et assurer en plus, 55 jours de disponibilité opérationnelle, le nouveau navire hauturier, «est un élément essentiel de lutte contre le trafic humain. Sa mission première est le sauvetage des naufragés, comme l’a demandé François Hollande, le 23 avril dernier, lors du Conseil européen. Comment rester indifférent quand il s’agit de sauver des vies humaines ? Les organisations criminelles s’enrichissent et envoient à la mort, de façon délibérée, des milliers de candidats à l’exil», explique Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget. Quant à la question de savoir si la France est en capacité, après les avoir sauvés, d’accueillir les migrants, comme l’Italie, «aujourd’hui, nous présentons les moyens opérationnels, mais le Président y réfléchit et travaille sur ces questions de capacité et de volonté d’accueil». Deuxième mission du  »Deniau », la surveillance hauturière, en partenariat avec les autres pays européens, pour lutter contre les trafics illicites et les pollutions maritimes. Durant l’été 2014, soixante-dix tonnes de stupéfiants ont été saisies en Méditerranée, grâce aux renseignements fournis par la Douane française. «Je me félicite de la construction de ce très beau bâtiment et de la coopération internationale, indispensable. Nous avons d’ailleurs signé un protocole d’accord d’échanges d’informations entre les services italiens et français». Des échanges importants, pour ne pas dire indispensables, aujourd’hui plus qu’avant. «Les attentats à Paris, en janvier, ont été commis par des personnes qui n’étaient pas connues ou à peine, et simplement pour de petits faits. Or, l’addition de tous les signaux faibles devient un signal fort. Le renseignement est bien le nerf de la guerre ».

A bord du patrouilleur DF-P3
Six cents marins douaniers dont une cinquantaine de femmes, composent les équipages des bâtiments de la Douane française. Sur le patrouilleur  »Jean-François Deniau », ils seront entre 14 et 24 assignés à bord, selon le type de mission. «Notre objectif est de voir plus loin, pour savoir ce qui va nous arriver», explique le directeur régional des garde-côtes douaniers, Hugues Galy. Le navire peut aller jusqu’à Gibraltar et en revenir, en toute autonomie. Basé à La Seyne-sur-Mer, au cœur de la base des navires câbliers d’Orange, le patrouilleur est le plus grand des trois bâtiments des douanes. Construit par le chantier Sogarenam, de construction intégralement française, il mesure 53 mètres de long et dispose d’un système de communication dernier cri. Un espace protégé a été spécialement aménagé pour accueillir une quarantaine de naufragés, mais si besoin, le pont extérieur peut augmenter sa capacité d’emport de personnes pour un transit vers un port de débarquement. Le navire est équipé d’une infirmerie capable d’exécuter des soins médicaux d’urgence, en liaison avec le Centre de consultation médicale maritime de Toulouse. «A bord, toutes les spécialités exigent une excellence. Chaque membre d’équipage a reçu une formation pour pouvoir pratiquer suture, réduction de fracture et autres soins infirmiers de base».

Cofinancé par l’Europe
Les moyens navals de la douane sont intégrés au dispositif de l’action de l’Etat en mer (AEM). Le patrouilleur  »Jean-François Deniau », engagé au sein de l’agence européenne Frontex, consacrera 36 jours par an aux missions de surveillance des frontières extérieures de l’Europe. Un engagement en contrepartie du financement du navire (coût total de 13,5 millions d’euros) dont 67,8 % proviennent de l’Union européenne. «Même si la Cour des Comptes nous reproche les moyens mis en œuvre, il n’est pas question de retirer les douanes de l’AEM. Nous avons choisi la mutualisation des moyens» se félicite le ministre, Christian Eckert.

chantal.campana@leseynois.fr

*Jean-François Deniau, décédé en 2007, était également un homme de lettres et d’écriture, membre de l’Académie française et rédacteur du traité de Rome.
Vidéo Mer et Marine ici : http://www.meretmarine.com/fr/content/le-jean-francois-deniau-nouveau-patrouilleur-de-la-douane