Mardi 5 mai, les Restos du coeur de La Seyne-sur-Mer ont rouvert leurs portes. Le rythme est alterné, ouverture une semaine sur deux. depuis le mardi 24 mars, début du confinement, la solidarité n’a pas fléchi, bien au contraire, mais il a fallu qu’elle s’adapte aux conditions de la crise sanitaire.
« Au tout début du confinement, les gens ne savaient pas trop si on allait ouvrir, mais depuis la reprise, l’affluence n’a cessé d’augmenter » explique Jean-François Ruet, responsable du centre de La Seyne (à droite sur la photo ci-contre). Les chiffres montrent à la fois le travail accompli par l’organisation et les besoins immenses : durant la semaine 13, déjà, 490 personnes (228 familles) ont été servies. Puis, 629 personnes (300 familles) pour la semaine 15 et 835 personnes (361 familles) lors de la semaine 17 !
Côté volontaires, la vingtaine de bénévoles habituels (d’autres devant rester confinés) a reçu le renfort de « bénévoles COVID », étudiants, professionnels contraints d’interrompre leur activité mais voulant se rendre utiles…
« Parce qu’un repas ne suffit pas »
Toutes et tous, dûment équipé.e.s de masques et de gants, découvrent un fonctionnement qui a peu à voir, hélas, avec les habitudes des Restos. En temps normal, les personnes bénéficiaires entrent dans les locaux, et remplissent eux-mêmes leurs sacs, avec l’aide d’un bénévole qui les accompagne, tout au long des différentes tables (lait, protides, accompagnements …), la distribution se faisant selon un barème strict.
Ainsi, elles et ils peuvent discuter, donner de leurs nouvelles… « Parce qu’un repas ne suffit pas ! » proclame le slogan des Restos. Au-delà des besoins matériels, il s’agit aussi (et on serait tenté d’écrire « surtout ») de maintenir un lien humain et, tant que faire se peut, des aides personnalisées…
Pour Sylvie, ancienne cadre supérieure dans le milieu bancaire, la frustration est évidente, comme pour tous les bénévoles : « Il est nécessaire de faire de la « distri » bien sûr. Et cela permet d’entrer en contact avec les personnes. Mais là, on ne fait que ça. Personnellement, je suis spécialisée depuis des années – aux Restos – dans le crédit social. Ce soutien, pour monter des dossiers ou effectuer de simples formalités administratives, les conversations, parfois bien sûr des entrevues confidentielles… Cela me manque énormément ».
Chacun.e à son poste
Ce jour-là, malgré une petite bruine, la file des bénéficiaires s’est formée une bonne heure avant l’ouverture. Longue et silencieuse, respectant les distances de sécurité…
La distribution commence. Cette fois, c’est Christian Lépine, ex-responsable du centre qui officie à l’extérieur. Son rôle : gérer l’attente, accueillir une à une les personnes, recueillir leur nom et numéro d’inscription, sans oublier de les interroger sur des demandes particulières (présence d’enfants en bas âge, régimes spéciaux, parfois présence dans le foyer d’un animal domestique…).
Ces informations sont communiquées à Sylvie qui, attablée à l’intérieur, pointe les inscrits et indique à l’un.e des bénévoles « mobiles » le nombre de personnes à approvisionner et le nombre de points qui en découle et qui fixe la quantité de denrées à laquelle on a droit.
C’est de là que partent la noria des tournées de remplissage des sacs de course, caddys et poches isothermes. Des étals, gérés chacun par une personne, attendent les bénévoles : André aux protéines animales, fraîches ou en conserves, Mathias aux légumes frais, puis ce sont les fromages et produits laitiers, attribués par Christine, ce jour-là ; Didier s’occupe des desserts et des fruits frais tandis que Célia s’est spécialisée dans les produits destinés aux petits enfants, couches, petits pots, etc. ou d’hygiène…
Et la boucle est bouclée : sacs et caddys sont rendus, bien remplis, aux bénéficiaires à l’autre bout de la chaîne…
Trois fois dans la semaine, les bénévoles s’activeront ainsi. Dès 8h/8h30, il faut se préparer à l’ouverture au public, à 9h30, installer les étals, reconditionner en portions individuelles certaines denrées fournies par des grossistes…
La matinée ne s’achèvera souvent qu’en début d’après-midi, par du rangement et nettoyage. Le COVID 19 ralentit tout : « Lorsque les gens peuvent rentrer et passer eux-mêmes d’un comptoir à un autre, explique Jean-Louis, le « stock manager », on peut servir 15 à 20 personnes en une trentaine de minutes. Mais en ce moment, les durées sont au moins doublées ! ».
Vous aussi, organisez votre opération de « ramasse »…
Durant les semaines de fermeture du centre de la rue Jules Guesde, l’organisation ne chôme pas pour autant, car il n’est pas facile de maintenir les stocks pour répondre à une demande croissante chaque année (voir ici le concert du coeur donné le 26 janvier dernier au casino Joa). Alors, on travaille à « la ramasse », terme qui désigne les collectes de dons organisées au plan local qui complètent les arrivages de denrées fournies par les « Restos » au plan national, via leur « AD » (agence départementale de La Garde, dont les apports de l’Union européenne et la collecte nationale qui s’est déroulée les 6, 7 et 8 mars derniers.
Sur la quinzaine du 10 au 24 avril, 11 opérations auront été réussies : dons des cuisines centrales de La Seyne et de Bandol, collecte de près 1500 kilos de denrées par le Grand Hôtel des Sablettes, réussite miraculeuse de la collecte de chocolats pour Pâques, 378 savons « spécial COVID » donnés par la savonnerie Plaisant à La Seyne…
Outre les donateurs réguliers et importants, tels Leclerc (Léry) ou Metro, des établissements scolaires, des associations, des commerces, des individus comptent parmi les nombreux donateurs, sans oublier les dons de produits non alimentaires (vêtements, équipements divers…) ou des prestations, comme la coiffure…
Les coiffeur.se.s du coeur ne sont d’ailleurs au « chômage technique ». Comme elles et ils ne peuvent plus chouchouter leurs bénéficiaires, elles et ils organisent des collectes de produits d’hygiène et de toilette à la sortie des supermarchés seynois.
Une reprise normale annoncée début juin
La campagne d’inscription, cette année, aura lieu à la fin du mois de mai et la reprise des distributions hebdomadaires est prévue pour le 2 juin prochain.
La fin de la crise n’élimina hélas ni les besoins, ni la pauvreté, bien au contraire.
Au moins le contact humain reprendra-t-il ses droits. C’est déjà ça…si vous avez une idée de collecte, dans votre entourage ou votre entreprise, n’hésitez pas, contacter les Restos qui monteront l’opération avec vous… Il vous suffit d’appeler le 04 94 30 08 08.

Célia
