Yvette Cohen-Solal a passé plus de la moitié de sa vie au Prairial. Arrivée d’Algérie en 1962 avec son époux et sa première fille, elle emménage en 1967 dans cet appartement du quartier Berthe, devenu depuis 2013, la résidence Les Prairies.
«J’avais fait une demande pour avoir un HLM et le directeur des chantiers m’avait promis que j’aurais un appartement dès que mon époux serait rentré aux chantiers». Ainsi, le 21 juin 1967, la famille prend possession du logement. «Mon mari a travaillé aux chantiers jusqu’à ce qu’il décède. Trois enfants sont d’ailleurs nés à la clinique des chantiers. Le cinquième, est né à Malartic». En près de cinquante ans, Yvette n’a jamais songé à partir. «Le logement était magnifique et je ne l’aurais quitté pour tout l’or du monde !». Elle se rappelle avec joie la bonne ambiance qui régnait. «C’était le paradis ! Tout le monde était agréable, sociable, serviable. Nous étions tous unis et on vivait main dans la main». Avec ses neuf étages et quatre familles par étage, l’immeuble est animé. «En été, il faisait tellement chaud que les enfants dormaient sur la coursive. Je leur mettais le matelas par terre, et ils adoraient dormir dehors ! Pour eux aussi, c’était le paradis».
De Oran à La Seyne-sur-Mer
Venue d’Oran, Yvette et sa famille retrouvent ici d’autres rapatriés d’Algérie : «On était malheureux d’être partis mais on était si bien ici que nous nous sommes très vite intégrés. Et la Ville a toujours fait beaucoup pour les HLM. Nous étions très entendus». A tel point qu’Yvette rejoint «l’Amicale des locataires» en 1987, soucieuse du bien-être de tous : «Il y avait Emile Adjedj le Président, et monsieur Margier qui était un saint !». Elle succèdera d’ailleurs à Emile Adjedj en 1993 à la présidence du Comité national des locataires. Mais en cette année 1987, Roger Miraglio, alors président de l’OPM HLM lui attribue un local en bas de son bâtiment pour «faire de la couture». L’occasion de rencontres et d’échanges avec les habitants du quartier. Près de trente ans plus tard, l’activité demeure : «Je donne des cours, les dames viennent coudre, d’autres tricotent et je ne dis jamais non quand on me demande de faire un petit point. Je suis au local, le lundi, le mardi et le jeudi».
Au service des autres
Au fil des ans, Yvette est devenue l’âme du quartier. Sa seule peur ? Qu’un jour ce local lui soit enlevé. Mais le maire, Marc Vuillemot, l’a rassurée à ce sujet. Elle continue donc de se dévouer aux autres avec la gentillesse et la bonne humeur qui la caractérisent et s’occupe également du Secours populaire avec Jo Seghi. Pour son plus grand bonheur, elle a reçu des mains du maire, la médaille d’honneur de la Ville en 2012. Mais depuis quelque temps, Yvette Cohen-Solal s’adonne à une autre de ses passions : «Une fois par semaine, je vais à l’atelier d’écriture du Petit Prince et nous faisons beaucoup de choses. Nous avons même créé un livre de cuisine «Mots et délices», et j’ai donné plusieurs recettes. Ca me plaît beaucoup. On raconte le passé, quand nous étions jeunes…». A 90 ans, celle qui avoue toujours ne pas vouloir «partir d’ici» est fière d’avoir été la première locataire. «Le 21 juin 1967, ça fera 50 ans! ».
