Mar-vivo, une histoire de canons

Le 30 mai 2001, deux canons britanniques étaient découverts à 100 mètres du littoral de Mar-Vivo. Leur inventeur, Christian Calabrese, nous conte leur histoire, qui remonte à 1809.

Quand la passion du biotope croise celle du patrimoine, vous obtenez de belles découvertes. Le 30 mai 2001, peu après une largade tardive en baie des Sablettes, Christian Calabrese prend son masque et son tuba : « Je suis allé constater l’état des herbiers de posidonies », raconte l’ancien tenancier de la buvette “La Madrague”, au parc Braudel. « Arrivé à hauteur du mur du Poséidon, à 100 mètres du bord, j’ai repéré deux canons qu’un fort courant avait découverts au pied d’un corps-mort »

Christian Calabrese déclare alors sa découverte aux Affaires maritimes, quai Hoche, photos sous-marines à l’appui. Il faudra attendre 2010 pour revenir sur le site. « Avec Marc Quiviger, président de l’OSCA (Office seynois de la culture et de l’archéologie), nous avons fini par contacter le GRAN (Groupe de recherche en archéologie navale) », poursuit Christian, par ailleurs secrétaire de l’OSCA. Résultat des fouilles : une couleuvrine de 1 mètre et un pierrier de 50 cm : « Un canon de hune (mât) avec sa fourche de support », précise Christian Calabrese. Transportés pour étude dans les locaux du DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines), au fort St-Jean à Marseille, les deux canons gardent leur part de mystère : « Il y avait deux possibilités. En 1744, la bataille du Cap Sicié a vu s’affronter les armadas françaises, britanniques et espagnoles. Le Poder, navire espagnol, avait été touché et ramené au bord pour être désarmé », explique-t-il. Mais c’est la deuxième hypothèse qui s’avérera : « Après accord du maire, Marc Vuillemot, les pièces ont été restaurées par la société arlésienne A-Corros. Au terme de deux années de traitement par électrolyse, libérés de leur gangue, les canons ont parlé ». Au cul de la couleuvrine apparaît l’inscription 2″0″4, marque d’appartenance à “La Proserpine” : « Le 28 février 1809, la Proserpine, frégate anglaise fraîchement baptisée, est surprise par deux frégates françaises qui la canonnent. Ses sabords, ainsi que l’un de ses trois mâts, sont détruits ». Seuls vestiges seynois d’artillerie marine, ces canons sont aujourd’hui entreposés au fort Napoléon. L’objectif, à terme, serait de les placer sur un socle pour raconter leur histoire …vieille de 210 ans.

gwendal.audran@la-seyne.fr

L’épopée de la Proserpine

Le 28 février 1809, commandée par Charles Otter, la frégate britannique La Proserpine est capturée par les frégates Pénélope et Pauline. Elle passe alors dans la Marine française, participe à l’expédition d’Alger (1830) puis convoie des bagnards vers Cayenne (Guyane française) jusqu’en 1856. L’inscription correspond à des unités de poids anglaises et au poids du canon.
2″0″4
2 = curtow (50,803 kg)
0 = quarter (12,700 kg)
4 = livres (0,453 kg)
TOTAL 102,41 kg
c’est-à-dire le poids de la couleuvrine anglaise.
2″0″4 si la couleuvrine avait été espagnole
2 = quintal (46,009 kg)
0 = aroba (11,500 kg)
4 = libra ( 0,460 kg)
TOTAL 93,85kg.
Donc trop légère pour que se soit une couleuvrine espagnole.

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