Avec son point de vue unique sur la rade, du haut de ses 44 mètres, il en impose. Chaque année, près de 35 000 visiteurs font connaissance avec ce Pont levant de 98 ans, devenu l’emblème de la ville.
Pour certains, c’est un témoin de la mémoire des chantiers navals. Et ils sont nombreux, ici, à La Seyne-sur-Mer, à se rappeler quand le pont se baissait et que la locomotive passait sur les rails pour acheminer les marchandises à l’intérieur des chantiers.
«Le pont est une identité par rapport à une époque florissante des chantiers. C’est un élément qui montre l’innovation et l’efficacité. Les chantiers reliés à la voie ferrée, c’était remarquable », témoigne Florence Cyrulnik, conseillère municipale déléguée au patrimoine. D’autres se souviennent de ces jeunes qui s’accrochaient aux charpentes métalliques du pont, lors de sa remontée, pour se lâcher dans le port, profond à cet endroit-là, de 3 ou 4 mètres. Aujourd’hui, la plupart des touristes de passage dans la ville, ne connaissent pas l’histoire de ce pont basculant. Quand ils pénètrent dans le hall d’accueil, c’est parce qu’ils sont surtout intrigués par ce grand édifice.
Pont et chantiers, même destinée
Denis Bouffin, directeur des Affaires culturelles et du patrimoine, a pris ses fonctions le 11 mai dernier. Venu de Cusset, dans l’Allier, il avoue avoir été surpris en voyant le Pont levant pour la première fois : «On se demande ce que c’est, quand on n’est pas d’ici. On se pose des questions : qu’est ce que cet élément, à quoi servait-il ? Puis, très rapidement, on comprend ». Une chose est sûre, une fois l’histoire connue, on ne regarde plus le pont de la même façon. Et si le presque centenaire se porte comme un charme, il n’en a pas toujours été ainsi.
Lié depuis sa naissance à la vie des chantiers, le pont est laissé à l’abandon à la fin de ceux-ci, en 1986. En 1987, son inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques lui évite de justesse la destruction. Après une vingtaine d’années, il est réhabilité, non pas dans sa forme originale de pont basculant, qui aurait coûté trop cher, mais dans sa forme actuelle de Pont levant.
Nouvelle carrière pour le Pont
« Dommage qu’il ait perdu de sa mobilité, mais dans l’ensemble, c’est un signal fort de La Seyne-sur-Mer, c’est un peu notre »tour Eiffel’. A nous d’en tirer parti », estime Florence Cyrulnik.
Inauguré le 26 juin 2009, le pont a entamé une nouvelle carrière, essentiellement touristique. Avec 35 000 visiteurs par an, c’est l’un des monuments les plus photographiés et visités de la ville : « C’est une qualité d’excellence de La Seyne. Nous sommes sur un patrimoine industriel remarquable » précise Florence Cyrulnik. De son côté, Denis Bouffin constate : « C’est aussi une manière de transformer l’histoire passée en une nouvelle histoire. Du haut de ce pont, on a une lecture de l’histoire de plusieurs siècles. Cela lui donne d’autant plus de valeur emblématique ».
Un regard sur la ville
A chaque passage, les visiteurs sont conquis. Le système du pont est extraordinaire et sa construction, remarquable : elle supportait un train qui lui-même, supportait de l’acier… Mais surtout, une fois arrivés au belvédère, ils sont saisis par la beauté du paysage qui s’offre à leurs yeux.
«Alors qu’en principe, un pont sert à relier deux rives de part et d’autre, ce pont levé permet d’avoir un regard global sur la ville, la rade et le cœur de ville. Un regard sur qui on est, qui on a été et qui on sera », remarque Denis Bouffin, qui prend très à cœur le devenir du pont : « Un équipement comme celui-là doit être à l’image d’une ville tournée résolument vers l’avenir et vers un professionnalisme total ». Un souhait que partagent les six agents d’accueil de la structure : « L’été prochain, nous mettrons en place des nocturnes au moins une fois par semaine, parce que c’est beau une ville l’été », dit-il, soudainement inspiré par Richard Bohringer !
Un lifting pour l'ascenseur !

Du 12 au 26 juin, l’ascenseur du pont levant a fait l’objet d’une minutieuse intervention. Objectif, changer les câbles de la cabine, usés par l’oxydation.
Sur n’importe quel autre ascenseur, l’intervention, qui est complètement banale, n’aurait duré qu’une journée, car la plupart du temps, le moteur est à part. Ici, il est placé sous la cabine, ce qui rend l’opération plus longue. L’entreprise Paca Ascenseurs Services assure la maintenance. Fabrice Jassaud, le chef d’équipe, explique le détail des opérations : « On doit d’abord positionner la cabine en hauteur. On la suspend, ainsi que les contre poids et une fois que tout est en sécurité, on démonte et on change les roulements des poulies. Ensuite, on remet en place les poulies et on remplace les six câbles, victimes d’oxydation. Chacun mesure 110 mètres. Enfin, on désuspend tout, on fait les réglages, on vérifie, et on remet en route ». Pour autant, l’intervention n’a pas une durée de vie illimitée : « L’ascenseur n’est pas protégé dans une gaine, il est à l’air libre, les câbles surtout. Donc, il y a beaucoup d’oxydation, à cause de l’air marin. Ce n’est pas l’usure mais bien l’oxydation, responsable de tout ! »
Fabriqué en Italie, l’ascenseur a été mis en place en 2009.
C.C
Jusqu'au 20 septembre, les agents du Pont Levant accueillent les visiteurs de 10h30 à 19h, tous les jours.
