Cinéma de La Seyne, ça repart !

Après le casino, un autre projet créateur d’emplois, de développement et de recettes : l’ancien atelier mécanique réhabilité en complexe cinématographique, culturel et touristique.

«La Seyne a grand besoin d’un cinéma !» Robert Laborie, directeur du développement de CGR Cinémas, en a toujours été convaincu. Le projet de multiplexe, présenté aux associations des anciens chantiers Amians et CRCN, au CIL des Mouissèques, ainsi qu’aux élus de tous bords, a reçu l’aval de tout le monde. Il est confié à Quantum Development et CGR Cinémas, 3ème opérateur cinématographique en France avec 413 salles, et 2ème en nombre d’écrans. Robert Laborie prévoit au minimum, 450 000 entrées annuelles, sur le site. On pourra également compter sur 1750 places de cinéma. « Il y aura un large éventail de programmation. En France, 500 à 600 films sortent tous les ans. L’important n’est pas la grandeur de la salle, mais l’offre de quantité». Leader du cinéma numérique en Europe, CGR est également le premier groupe indépendant français.

Pôle de vie

Au cœur de l’ancien atelier mécanique, outre le multiplexe de 9 salles, qui s’étend sur 4500 m2, l’immense structure d’une surface de 25 000 m2 accueillera sur 3 niveaux : 5 restaurants (brasserie, pub…) sur 1250 m2, deux hôtels de 80 chambres chacun avec piscine située sous le toit, un parcours aventure de 600 m2 dans la charpente, destiné aux enfants, adolescents et adultes, un espace événementiel de 200 m2, un pôle de ressourcement et bien-être, des bureaux et cabinets médicaux sur 2500 m2 , un mail commercial sur le parvis avec services de proximité. «C’est un projet tourné à la fois côté ville et côté rade» explique Thomas Ollivier de l’Agence Ollivier Architectes (AOA). «Il n’est pas question ici de créer un  »centre-ville bis » rappelle Patricia Maffiolo, chargée du dossier pour la Ville, mais d’insuffler plutôt une nouvelle dynamique au centre, qui ne se trouve qu’à 7 minutes de marche».

Hommage aux chantiers navals

Volonté architecturale de respecter le patrimoine, mise en valeur de la charpente métallique, la réhabilitation tient compte du passé naval de la ville, de sa mémoire : «Le sol sera transparent afin d’y insérer des vestiges des anciens chantiers» précise Rémy Vedeux, directeur de Quantum Development. L’Atelier mécanique, qui garde donc son nom, a toutes les chances d’attirer une clientèle de passage ou habituelle. «L’important, c’est que les gens reviennent en ville, que ce soit pour le casino ou pour le cinéma, car le jour où ils voudront autre chose, ils seront sur place», ajoute Thomas Ollivier. La zone de chalandise s’étend jusqu’à 25 minutes de La Seyne en voiture, coté Ouest de Toulon.

Livraison début 2019

Le projet est financé à 100 % par le groupement d’entreprises CGR Cinémas et Quantum Development qui vont engager 42 M€ pour ce programme d’envergure. La Ville a opté pour une location sur 40 ans, via un bail emphytéotique. Chaque année, elle recevra 24 000 euros, indexés sur le coût de la construction. Au terme du bail, l’équipement lui reviendra. Courant janvier, le permis de construire a été déposé. Si tout va bien, les travaux pourraient commencer en septembre ou octobre 2016 et devraient durer 2 ans au minimum et 27 ou 28 mois, avec une marge de sécurité. «On commencera par la dépollution du site et par le nettoyage du bâtiment, qui en a bien besoin» commente Patricia Maffiolo. On peut donc espérer une livraison fin 2018 ou début 2019. Un projet qui sera rondement mené et qui comprend une étude de circulation : «On va déposer au cas par cas et on verra si on va à l’étude d »impact». Quant au stationnement, 96 places sont prévues sur le site et avec le réaménagement du parking devant l’IPFM, près de 300 places seront donc disponibles, sans compter les 800 places alentour, à 7 minutes à peine.

Créations d’emplois

Quand le projet entrera dans sa phase de recrutement, 200 à 250 emplois seront créés sur l’exploitation. En attendant, le chantier sera bénéfique pour le commerce : «Pendant ces deux ans ou plus, les gens qui vont travailler sur le site vont manger et dormir sur place, ce qui va participer à l’économie de la Ville» se réjouit Robert Laborie. Après l’ouverture du casino, le début du chantier de l’entreprise Monaco marine, et le complexe cinématographique au sein d’un équipement ludique et culturel, La Seyne-sur-Mer assure sa visibilité au sein du premier département touristique de France.

Le cinéma, une histoire ancienne

Les jeunes générations l’ignorent peut-être, mais La Seyne-sur-Mer a eu quatre grandes salles de spectacles*, du début du XXe siècle, jusqu’en 1944 : l’Eden-Théâtre (construite en 1891) devenue ensuite le Comœdia, puis entre 1920 et 1923, les Variétés et le Kursaal, (appelé le Rex en 1937) et l’Odéon, édifié au milieu des années 30. Le 29 avril 1944, une bombe pulvérise le Comœdia et endommage les Variétés, qui ne réouvrira jamais. Dans les années 50, l’A.B.C. ouvre ses portes [en 1975, loué par la Ville, il est rebaptisé théâtre Guillaume Apollinaire]. Autour des années 60, l’Odéon, le Rex et l’A.B.C fonctionnent régulièrement, et en été, on peut également voir des films dans la salle du casino des Sablettes. Mais à partir de cette époque, la télévision entre peu à peu dans les foyers, et la fréquentation des cinémas décline, jusque dans les années 80, où les salles ferment. A partir de là, toutes les tentatives de relance d’un cinéma à La Seyne, échoueront, les unes après les autres. Bonne nouvelle, d’ici trois ans, les Seynois auront le plaisir d’aller au cinéma, chez eux. Comme au bon vieux temps…

chantal.campana@la-seyne.fr

 

*Lire l’interview que Laurent Grosso, le plus ancien projectionniste des salles de cinémas à La Seyne-sur-Mer, avait accordée à la rédaction du Seynois, dans la rubrique  »Mémoire » du n°48 de novembre 2013