Christian Philibert : la voix du Sud

Né à Brignoles, le cinéaste Christian Philibert fait ses débuts chez nous de 1990 à 2000. Parrain du premier festival du court métrage, fin août à Balaguier, le réalisateur des « 4 saisons d’Espigoule », de « Travail d’Arabe » ou encore d’« Afrik’Aïoli » et « Massilia sound system, le film » nous conte ses souvenirs seynois.

S’il demeure un haut-varois dans l’âme, les premières incursions de Christian Philibert chez les “Maritimes” (NDLR : surnom donné aux gens de la côte) sont précoces : « Tout petit, je venais en vacances à St-Elme. On passait avec mes parents devant les chantiers. Tous les cyclos et les vélos y étaient garés », se souvient-il. En 1990, le natif de Brignoles troque son village de Ginasservis pour un appartement à Mar-Vivo : « Mon frère travaillait à St-Mandrier. Et j’ai trouvé un job dans la société VBC Production », poursuit-il. De cette époque émergent la nostalgie de son village, qui préfigure l’écriture des « 4 saisons d’Espigoule », et la rencontre avec Eugène Colin, fondateur de VBC Production : « L’idée était de faire travailler les jeunes du coin. On réalisait des films de commande, pour le Conseil général ou pour des entreprises ». Autre rencontre décisive, celle de Tonton Dgé, l’agitateur culturel du mouvement Constroy : « Le mouvement était déjà bien actif, notamment avec le groupe de musique Toutalégou. J’ai d’ailleurs filmé leur première réunion dans la cave de ce qui allait devenir le café-théâtre 7e Vague, rue Berny », raconte un brin ému Christian Philibert.

Momo ? Un vrai personnage

Son univers s’enrichit de ces rencontres. « Hocine Metina m’a présenté son frère Mohamed, dit Momo. Un physique, une verve, bref, un vrai personnage ! » qu’il rappellera en 2002 pour jouer le premier rôle de « Travail d’Arabe ». « Le cinéma a une fonction, celle de créer du sens et de fédérer les gens, notamment lors des projections en plein air sur les places publiques », confie le cinéaste. Loin d’être repliée sur elle-même, cette identité provençale se retrouve dans ses documentaires (La peste de Marseille, Gaspard de Besse, l’insurrection provençale de 1851, le débarquement de Provence, l’affaire Yann Piat…) : « La perception a évolué. D’ombrageux, le méridional est devenu fantasque, voire ridicule avec Tartarin (Cf : Le Complexe du santon). La centralisation du cinéma français n’aide pas à changer ça. Il faut ouvrir la voie au Sud ! », s’exclame-t-il. A l’occasion des 20 ans des « 4 Saisons d’Espigoule », une version remastérisée en HD doit être projetée à travers le Var. On attend avec impatience la date et le lieu chez nous, les “Maritimes”.

gwendal.audran@la-seyne.fr

Lors du 1er festival du court métrage à Balaguier, en août 2019

Lors de la projection d'Afrik'Aïoli, en novembre 2013 à Tisot