Footballeur, athlète, dirigeant ou entraîneur, Antoine Sassu s’est battu pour mettre la marche athlétique au même niveau que les autres disciplines. Mais dans la vie du champion, c’est loin d’être son seul combat.
«Dans la tête d’un sportif, tout doit être clair. Il ne doit y avoir aucune anicroche qui puisse gêner la poursuite de sa progression sur le plan physique». Excellent compétiteur, Antoine Sassu sait de quoi il parle. Dans son livre »La vie m’a fait marcher » il raconte ses 52 années consacrées à la pratique sportive. Footballeur, athlète, dirigeant ou entraîneur, il a porté à son plus haut niveau, la marche athlétique. En 2012, lors de sa dernière année de président du club de l’Association sportive de marche athlétique seynoise (ASMA), il a emmené cinq athlètes aux JO de Londres. Aujourd’hui, à 66 ans, Antoine Sassu continue d’entraîner deux jeunes à la marche. Mais le triple champion de France, n’a pas que des jambes. Il a aussi un cœur et un caractère bien trempé. Un homme que rien n’a empêché d’avancer dans la vie. Pas même l’adversité.
Génération foot
Né en 1949, Antoine Sassu fait ses débuts dans le monde sportif, dès 1960. «A l’époque, il n’y avait ni télévision ni Internet et le jeudi, on jouait au foot toute la journée». Inscrit au club de l’A.S Escaillon dans la catégorie «Pupille», le jeune Antoine montre des capacités certaines. Quatre ans plus tard, on lui propose de signer au Sporting de Toulon : «Mon frère Marius, qui avait repéré ma pointe de vitesse, m’a plutôt conseillé de faire de l’athlétisme. Du coup, je suis parti à l’USAM». Vitesse, demi-fond, cross l’hiver… pendant 4 ans, Antoine se donne à fond, jusqu’en 1967, année où la famille déménage à la Garde-Freinet. Il renoue alors avec le foot. Ensuite, les choses s’enchaînent : service militaire en 1969, la quille fin juillet 70, et retour à la Garde-Freinet. Durant l’année 1972, Antoine joue en première division départementale au poste d’ailier gauche et son équipe termine à la première place. Ce sera sa dernière saison. Antoine a été embauché au Chantier naval de La Seyne et il s’inscrit au Football club seynois.
Coup de cœur pour la marche
L’année 1973 marque un tournant dans la vie d’Antoine Sassu. Le sportif découvre la marche athlétique, lors d’une épreuve de marche du Tour du Var. «C’était le premier tour du Var. En regardant passer les athlètes, j’étais sidéré, je me suis dit, quel courage ! » L’année suivante, il s’inscrit. Lui qui joue toujours au foot, non plus avec le FC Seynois mais avec l’entreprise du Chantier naval, en corporatif, va devoir faire un choix. «J’avais eu le déclic. J’ai encore joué au foot, mais très vite, la marche est devenue mon sport». Il est alors licencié au Club d’athlétisme du CSM seynois. Le reste, la carrière de ce triple champion départemental, est à découvrir dans son livre, avec nombre détails sur les courses qu’il a remportées. Une chose est sûre, si tous les sportifs sont égaux sur la ligne de départ, l’égalité s’arrête là. Seul le travail personnel, et très souvent, acharné, permet d’arriver au bout, de sortir du lot et de franchir cette fameuse ligne d’arrivée. «Je me suis battu dans ce sport pour faire connaître la discipline. J’avais la fougue, la jeunesse, et l’implication». Mais la vie d’Antoine Sassu n’a pas tourné qu’autour du sport.
Des chantiers et des luttes
«J’ai passé 52 ans dans le sport, de 1961 à 2012. Il fait partie intégrante de moi, mais il était accompagné de luttes. Dès mon arrivée au chantier naval, en 1973, j’ai suivi une »école syndicale » et j’ai été délégué CGT du personnel, en 74». Mais à partir de 1982, les années noires arrivent et dès 1985, les premiers licenciements. Grèves, occupations de bateaux ou réunions n’y pourront rien changer. En 1986, après 13 ans passées dans la Navale, Antoine Sassu est à son tour, licencié. Il profite de sa reconversion pour obtenir son brevet d’état d’éducateur sportif (BEES). En 1988, il crée l’ASMA seynoise et dans le même temps, obtient un poste de gardien d’un complexe sportif, géré par le comité d’entreprise du chantier naval, en convention avec la mairie de La Seyne. «C’était de l’esclavage, il fallait une présence quasi-permanente». Licencié «sans raison», il intègre, en 1995, après avoir obtenu justice, le service des sports de la ville, grâce à son BEES et au maire, Maurice Paul nouvellement élu. Il y restera jusqu’à sa retraite, le 31 décembre 2006. Aujourd’hui, le verbe toujours haut et la démarche alerte, Antoine continue d’entraîner deux jeunes de son ancien club et participe aux classes de la Navale avec Lucien Conac* pour transmettre aux jeunes générations, la mémoire des chantiers. Parce que chez Antoine Sassu, la transmission du savoir, c’est sacré.
*En partenariat entre l’Education nationale, l’AMIANS, le CRCN et la Ville, les élèves de Ce2, Cm1 et Cm2 participent chaque année, aux classes de la Navale
Le livre d’Antoine Sassu «La vie m’a fait marcher» est en vente dans les librairies Charlemagne de La Seyne et de Toulon.